Les auteurs qui figurent dans ce recueil ont en commun d''avoir été en leur temps des intellectuels influents qui se sont interrogés sur les changements opérés dans la société occidentale à la suite de la révolution industrielle et des bouleversements démographiques, sociologiques et politiques qui en ont découlé à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Valery écrit avec pertinence que «nous ne savons que penser des changements prodigieux qui se déclarent autour de nous et même en nous. Pouvoirs nouveaux, gênes nouvelles, le monde n''a jamais moins su où il allait». Ces paroles traduisent à elles seules la tonalité des pages qui suivent. Alors que Bernanos et Bainville interrogent ainsi les notions de progrès et de civilisation, Guénon et Valery proposent notamment une réflexion sur le rapport au religieux et à l''histoire. Tous, bien qu''ils aient des sensibilités philosophiques divergentes qui sur certains aspects les opposent, s''accordent en outre à reconnaitre que la modernité n''est pas toujours synonyme de progrès et que la société moderne — avec un constat qui reste d''une cruelle actualité — s''apparente à un monde liquide qui semble nous échapper entre les doigts comme l''eau que l''on essaye vainement de retenir au creux de la main. Fuite en avant, chaos et déclin peuvent-ils pour autant être évités? Ne serait-il pas nécessaire de redonner du poids à la tradition? De faire en sorte que l''Histoire décélère? Ces questions trouveront ici des réponses qui méritent, plus que jamais, l''attention du lecteur contemporain.

Cette édition est composée de quatre textes dont nous avons respecté l''ordre chronologique :

— Jacques Bainville : L''avenir de la civilisation

— René Guénon : La crise du monde moderne

— Paul Valery : Regards sur le monde actuel

— Georges Bernanos : La France contre les robots