Ely Halpérine-Kaminsky

l’intimité de ton coeur?

pardonnez-moi si je vous le rappelle, j’ai cru vous avoir entendu pleurer, et moi... je n’ai pu supporter cela, mon cœur s’est serré. Ô mon Dieu ! étais-je coupable d’avoir pour vous une pitié fraternelle

ne devenez pas amoureux de moi, cela ne se peut pas, je vous assure ; pour l’amitié je veux bien, voici ma main ; mais l’amour, non, je vous en prie

Cette vie-là c’est la mienne, Nastenka ! une atmosphère de fantastique et d’idéal, et en même temps, hélas ! quelque chose de grossier et de prosaïque, quelque chose d’ordinaire jusqu’à la suprême trivialité

Un rêveur n’est pas un homme, c’est un être neutre ; il vit dans une ombre perpétuelle comme s’il se cachait même du jour ;

les divers interlocuteurs qui se sont rassemblés chez notre rêveur ne parviennent-ils pas à engager la conversation

une fois dehors, l’ami rit-il aux éclats et se jure-t-il de ne jamais remettre les pieds chez cet homme étrange,

pourquoi je restai écrasé sous le poids de ma propre inhospitalité

Il y a, mon amie Nastenka, une heure dans la journée que j’aime beaucoup. C’est cette heure où toutes les affaires finissent, alors que tout le monde se hâte de rentrer pour dîner, se reposer, et, tout en marchant, cherche quelque réjouissance pour passer la soirée, la nuit et tout le temps de loisir qui lui reste

Il est content, car il en a fini jusqu’au lendemain avec les affaires ennuyeuses, content comme un écolier libéré de l’école et qui court à ses jeux préférés et à ses espiègleries